Une histoire turque de la publicité
Mete
ÇAMDERELİ
Introduction
Une
vue partielle, certes, de la publicité en Turquie est l’objet de cette
communication. Avant d’aborder le sujet un petit rappel sur l’utilisation même
du mot publicité en Turquie s’impose, terme qui ne sera, de fait, adopté
qu’après la seconde guerre Mondiale. Ce mot “publicité” désigne, en Turquie, le
fait de transmettre, par voie des mass medias, des messages commerciaux et d’y
acheter des lieux et du temps d’exposition mais également pour suivre sa
pénétration dans le langage turc au quotidien. Le terme d’”annonce” (“ilan” en turc) est plus généralement
employé même s’il l’est en même temps que celui de “publicité” (“reklam”, en
turc) usité depuis la deuxième moitié du Xxème siècle[i].
Après
ce rapide énoncé quant à l’utilisation des termes “ilan” et “reklam”, un peu
d’histoire de cette publicité turque depuis l’ère ottomane jusqu’à la
République s’impose, je me permets de proposer de le faire par ordre
chronologique.
Première publicité (les années 1700)
L’histoire
du développement de la publicité en Turquie s’apparente à celle de l’Occident,
même si elle ne débute pas en même temps. Tout comme en Occident, son avènement
est le fait des crieurs de rues, marchands des quatre saisons, camelots et
autres colporteurs. Culture sui generis faite de proclamation introduites par
des instruments tels que tambours, clochettes et utilisant également des
panneaux et/ou placards sur lesquels s’écrivent les discours. C’est par le
développement de l’imprimerie que ces canaux changèrent ou plutôt s’ajoutèrent
par la distribution de ce que en Europe l’on nomme “prospectus” ou encore les
affiches et par voie de presse.
La
première publicité tel qu’on entend le mot serait le fait d’une impression par
gravée datant de la fin du XVIIème ou début du XVIIIème siècle,
vraisemblablement imprimée en la République de Venise, tant l’écriture en est
gauche et défectueuse. Cette publicité pour le produit contre les maux
d’estomac Thériaque Altinbaş, importé de Venise semble être la première jamais
vue en Turquie. Cette annonce imprimée sur papier par ce que l’on nommerait
aujourd’hui les “laboratoires” des Successeurs de Silvestrini donne une
foultitude de détails sur leur produit, lui donnant des qualités extraordinaires
allant jusqu’à dire qu’elle soigne toutes les maladies bien que terminant par
les mots : “ C’est Dieu qui nous guérit”.
Il
est à remarquer également que ce texte était écrit dans une langue turque non
vraiment maîtrisée donc, de toute évidence, par un Vénitien ayant des contacts
commerciaux avec la Turquie mais ne maîtrisant pas totalement sinon la langue,
du moins l’écriture. Ce document nous montre deux choses, la première concerne
les contacts économique avec l’Occident (ou pour le moins Venise) mais aussi
que, sous les Ottomans, une activité publicitaire semblable à celle existant en
Occident voit le jour même si sa date de naissance n’est pas véritablement
établie[ii].
Diffusion de la publicité au travers la presse (1840-1860)
Par
ses Capitulations, Soliman le Magnifique avait protégé la Turquie des
influences commerciales européennes, donc également de sa publicité. En 1838,
ces Capitulations tombent en désuétude et la Turquie signe des traités de
douanes avec l’Europe. Ce sera le véritable signal de départ pour la publicité
en Turquie. En effet, c’est alors que les portes du commerce s’ouvrent pour les
Occidentaux, les marchés ottomans se voient en effet surchargés de produits de
toutes sortes, depuis les peignes et les balais, en passant par les cuillers et
les fourchettes jusqu’aux vêtements, meubles, décorations et ustensiles en tous
genres[iii]. Il devient alors
évident que la publicité ottomane ne peut plus se résumer aux crieurs, d’autant
que la société traditionnelle turque perd de son influence, cette société
nouvelle désirant adopter ces nouveaux produits, ouvrant la voie à de nouvelles
normes de consommation plus occidentales[iv]. De plus, les commerçants
turcs doivent s’adapter pour subsister face à l’invasion des produits nouveaux.
Cette compétition va ouvrir la voie aux publicités dans les journaux en langue
turque, publicités souvent reproduites de modèles étrangers, en particulier
français.
L’on
peut voir les premières annonces commerciales dès les premiers numéros de Takvim-i Vekayi, premier journal en
langue turque, de l’Empire Ottoman, dès 1831, ensuite dans le Ceride-i Havadis, journal moitié privé, moitié gouvernemental
publié en 1840 et second quotidien de l’Empire. Le premier exemple de publicité
parue dans ce dernier (n°10, 27 octobre 1840) une publicité pour du papier
peint de style français proposé par un magasin de Galata[v]. Mais, l’on trouve bien
avant cette publicité dans le Ceride-i
Havadis, des premiers exemples de publicités, publiées en langue turque, en
Égypte, dès 1828 dans le journal Vekayi-i
Mısriye. Les deux premières concernaient des produits paramédicaux, l’un
pour calmer la douleur dentaire, l’autre la repousse des cheveux[vi]. Par la suite, ces
publicités informatives parues sous le titre de ‘annonces’ (‘ilanat’, en turc)[vii] montraient seulement
quelques échantillons de produits allant des ventes immobilières en tous genres
(immeubles, kiosques, résidences, boutiques, magasins ou autres) à leur
location, mais aussi celle de livres et quelques rares produits manufacturés..
En Turquie même, dès le départ de ses titres l’on peut voir des annonces pour
des produits occidentaux dont l’une pour le Daguerréotype dans le Takvim-i
Vekayi, du 28 Septembre 1838 ou disant les nouveaux prix des produits
photographiques dans le Takvim-i Vekayi,
le 15 Août 1841[viii].
Tercüman-ı Ahval, publié en 1860 fut le
premier journal privé et indépendant et comme le Ceride-i Havadis dans lequel se trouvaient les premières annonces
commerciales, il a ouvert ses pages, à l’image de son rival, à des publicités
de toutes sortes –des ustensiles de cuisine à l’habillement, des pièces de
théatre aux médicaments et aux sociétés d’assurance… Ceride, pour concurrencer Tercüman,
fait de même et publie un supplément
Ruzname-i Ceride-i Havadis, le Ruzname s’ouvre donc aux annonces
publicitaires pour couvrir ses dépenses et engranger des bénéfices. Cette concurrence entre
journaux de la presse turque a sans aucun doute favorisé l’augmentation
sensible du nombre de publicités.
Dès
les années 1850/1860, l’Occident s’intéresse au potentiel commercial de la
Turquie et le nombre de publicités pour des produits étrangers va croissant et
ce, tant dans les journaux en langues européennes, tels la
Turquie , le Stamboul, Levant Herald, Levant Times, L’impartial, Journal de
Constantinople et Le Moniteur
Oriental que dans la presse en langue turque. Cet engouement marquera une
transformation des styles publicitaires, rompant avec ce qui se faisait avant,
la réclame s’incrustant dans le corps des pages voire se positionnant sur une
page lui étant réservée, de même que seront pris en considération graphique
titres et images (dites aujourd’hui icônes)[ix]. Certes, les publicités
étrangères ne concernent que rarement des produits autochtones mais des marques
étrangères de chocolat, des caisses en fer, la grande « Loterie du Royaume
saxon » ou encore des périples touristiques en Europe.
Première
agence, premier annuaire et premier journal publicitaire (1860-1880)
Dans le dernier quart du XIXème siècle,
bien des journaux se sont emparés de la publicité ainsi Ayine-i Vatan (1867), Basiret
(1870), Diyojen (1870), Hayal (1870), Osmanlı (1874), Vakit
(1877), Hakikat (1877) ou encore İkdam (1894). On peut y trouver une mise
en place tant des tarifs que du design, la gestion et, d’autre part, les
publications se spécialisent dans les thématiques publicitaires, aux journaux
s’ajoutent désormais des magazines et autres revues.
L’« Annuaire oriental du commerce » en est l’exemple le plus frappant, se présentant comme un grand guide d’annonces et de publicités, donnant à voir un aperçu global de la vie commerciale des pays ottomans dans leur totalité géographique. Ces Annuaires peuvent à juste titre être considérés comme les archives vivantes des annonces publicitaires de l’Empire. De 150 à 200 pages d’un de ses volumes de près de 1000 pages ne sont réservées qu’à la publicité On peut même les considérer comme des publications publicitaires et il est intéressant de constater que la publicité va jusqu’à utiliser le Sultan, tant au travers son « nom suprême » qu’au travers ses armoiries[x] et même d’apposer ces dernières sur les pages de garde de certains volumes[xi].
Le premier numéro des Annuaires est publié en 1868 sous le nom de L’Indicateur Constantinopolitain Guide Commercial. lus tard, à la meme date de la formation de Cervati & Fatzea à titre de la première agence de publicité (1880), ils se transforment en Indicateur Ottoman et puis en Indicateur Oriental (1886) et, enfin, en Annuaire Oriental du Com. En même temps que se crée Cervati & Fatzea, la première agence de publicité (1880)[xii], l’Annuaire prend le nom d’Indicateur Ottoman et puis en Indicateur Oriental (1886) et, enfin, en Annuaire Oriental du Commerce (1889)[xiii]. Par son abondante documentation publicitaire, on peut dire que les Annuaires ouvrent la voie aux annonces et publicités. Son premier numéro est imprimé à Paris et ceux qui suivront seront même multilingues : turc, arménien, grec, de fait toutes celles de l’Empire. Ces éditions sont rapatriées à Istanboul par R. Cervati et C . Sargologo, sa dernière édition sortira en… 1945. En résumé les Annuaires ont pour objectif de faire connaître et situer aux entrepreneurs turcs et étrangers les opportunités commerciales des pays ottomans et ensuite de la République de Turquie.
Alors que les Annuaires connaissaient un succès considérables, en 1874 à Istanbul, apparaît un petit journal d’une seule page (recto sans verso) İlan. Yusuf, son éditeur, le compose dans des conditions bien précaires et fort peu professionnelles mais son journal, tiré à 3000 exemplaires, en turc, français, arménien et grec, paraît quatre jours par semaine et est distribué gratuitement car c’est la publicité qui le paye, d’ailleurs ce sera le premier journal à faire figurer son tarif d’insertion publicitaire. İlan se présente d’ailleurs au titre de service de vente et bureau de communication commerciale auprès des annonceurs. Yusuf et son journal marquent d’une pierre blanche l’histoire de la publicité turque car il communique exclusivement sur les productions autochtones
L’« Annuaire oriental du commerce » en est l’exemple le plus frappant, se présentant comme un grand guide d’annonces et de publicités, donnant à voir un aperçu global de la vie commerciale des pays ottomans dans leur totalité géographique. Ces Annuaires peuvent à juste titre être considérés comme les archives vivantes des annonces publicitaires de l’Empire. De 150 à 200 pages d’un de ses volumes de près de 1000 pages ne sont réservées qu’à la publicité On peut même les considérer comme des publications publicitaires et il est intéressant de constater que la publicité va jusqu’à utiliser le Sultan, tant au travers son « nom suprême » qu’au travers ses armoiries[x] et même d’apposer ces dernières sur les pages de garde de certains volumes[xi].
Le premier numéro des Annuaires est publié en 1868 sous le nom de L’Indicateur Constantinopolitain Guide Commercial. lus tard, à la meme date de la formation de Cervati & Fatzea à titre de la première agence de publicité (1880), ils se transforment en Indicateur Ottoman et puis en Indicateur Oriental (1886) et, enfin, en Annuaire Oriental du Com. En même temps que se crée Cervati & Fatzea, la première agence de publicité (1880)[xii], l’Annuaire prend le nom d’Indicateur Ottoman et puis en Indicateur Oriental (1886) et, enfin, en Annuaire Oriental du Commerce (1889)[xiii]. Par son abondante documentation publicitaire, on peut dire que les Annuaires ouvrent la voie aux annonces et publicités. Son premier numéro est imprimé à Paris et ceux qui suivront seront même multilingues : turc, arménien, grec, de fait toutes celles de l’Empire. Ces éditions sont rapatriées à Istanboul par R. Cervati et C . Sargologo, sa dernière édition sortira en… 1945. En résumé les Annuaires ont pour objectif de faire connaître et situer aux entrepreneurs turcs et étrangers les opportunités commerciales des pays ottomans et ensuite de la République de Turquie.
Alors que les Annuaires connaissaient un succès considérables, en 1874 à Istanbul, apparaît un petit journal d’une seule page (recto sans verso) İlan. Yusuf, son éditeur, le compose dans des conditions bien précaires et fort peu professionnelles mais son journal, tiré à 3000 exemplaires, en turc, français, arménien et grec, paraît quatre jours par semaine et est distribué gratuitement car c’est la publicité qui le paye, d’ailleurs ce sera le premier journal à faire figurer son tarif d’insertion publicitaire. İlan se présente d’ailleurs au titre de service de vente et bureau de communication commerciale auprès des annonceurs. Yusuf et son journal marquent d’une pierre blanche l’histoire de la publicité turque car il communique exclusivement sur les productions autochtones
Le
concept publicitaire se développe petit à petit (1880-1908)
Cette
fin de siècle voit la montée en puissance du concept même de publicité en
Turquie. Bien des essais critiques soulignant que celle-ci est trop peu
utilisée par les médias turcs alors qu’elle est vitale pour la presse mais
également pour le développement économique de l’Empire, de plus, ces critiques
soulignaient qu’il fallait passer de la simple annonce à de véritables
publicités et suivre pour cela le modèle européen dans ses choix conceptuels
mais surtout se tourner vers le modèle américain pour son plus grand dynamisme
et sa force commerciale[xiv].
D’où
le métier de publicitaire se professionnalise et suit de près ce que
développent les étrangers en ce domaine, des changements sont perceptibles tant
dans la composition avec l’utilisation de reproductions de clichés
photographiques, autres cadrages mais également de nouvelles règles quant aux
périodes de de parutions et de leurs prix et raccourcissement des délais
d’édition dans les journaux, passant à
des éditions quotidiennes de six jours par semaine qui amènent une augmentation
du nombre de lecteurs et donc aussi des tirages. Tout ceci indique un intérêt
croissant des Ottomans pour la publicité
à l’aube du XXème siècle, publicité qui transforme aussi la vie sociale de ses
habitants et fait que les groupes sociaux à hauts revenus se tournent vers le
style de vie occidental. Tout un style de vie change dès lors grâce à la
publicité des grands magasins occidentaux d’Istanboul. Ainsi les Louvre, Au
Lion, Bon Marché, Bazar Allemand, Au Camelia, Carlmann und Blumberg, Orosdi
Back, Au Paon offrent la mode de Paris et d’autres capitales de l’Europe au
travers des publicités
accrocheuses. Publicité qui concernera tout autant les maisons de musique proposant
pianos et violons aux amateurs de musique, les agences européennes de voyages,
leurs services d’assurances et bancaires, leurs appareils photographiques
jusqu’à leurs marques d’automobiles, tous ces produits européens connaîtront,
auprès d’une classe favorisée, un grand engouement grâce à la publicité qui en
est faite.
Il
faudra pourtant attendre l’avènement d’une industrialisation locale pour enfin
rencontrer des publicités pour des produits ottomans. C’est en 1908, sous la
IIème Constitution, que cette économie se développera mais surtout s’emparera
de l’outil publicitaire pour communiquer sur ses propres produits manufacturés[xv]. Cette entrée dans le
capitalisme, permet donc, au travers la publicité, d’ouvrir le marché indigène
à ses propres commerçants. Commerçants qui, eux-mêmes, s’en serviront pour
concurrencer de la manière efficace les produits venus de l’étranger[xvi], surtout sectorisés sur
les secteurs de la culture, du divertissement, de la santé[xvii], de l’alimentation, du
transport, de l’habillement, du tapis, de la couture et des boissons qui
étaient particulièrement ciblés par les publicités étrangères[xviii], les annonceurs
autochtones tendant à proposer des offres similaires mais exclusivement
ottomanes
La publicité tend à s’institutionnaliser mais le monde se
rapproche d’une guerre (1908-1922)
La
liberté de la presse a permis à maints journaux et revues d’être, par le fait
que la censure n’existait pas, le principal canal publicitaire pour les
annonceurs ottomans, d’où une multiplication des publicités dans les journaux,
ce qui les a obligé à réunir annonceurs et éditeurs de presse à créer des plans
de campagne. Chose qui fut faite par David Samanon qui fonda en
1909 la première agence de publicité entièrement locale, nommée Ilancılık
Kolektif Şirketi, mais celle-ci n’etait pas seul, et existaient encore quelques
agences publicitaires[xix] oubliés actuellement leurs noms,
favorisant la concurrence des annonceurs.
Samanon
s’occupait dès lors de placer auprès des journaux les annonces qui, par leur
nombre lui permettait d’en faire tomber les prix mettant fin à la règle des
« 30 jours pour une livre d’or »[xx]. Ilancılık, seule agence
encore en exercice à ce jour, prouve que le marché lors de sa création était
plus que florissant et que le canal de communication presse était d’une grande
efficacité. C’est lui qui a lancé, en Turquie, le métier de publicitaire en tant
que véritable profession.
Avant que de parler des conséquences produites par la Ière
Guerre Mondiale, il est bon de rappeler que les journaux turcs ouvraient près
de 20% de leur pagination à la publicité[xxi]
et ce quelque soit leur tendance: journaux politiques, économiques,
humoristiques, religieux, littéraires ou locales en diverses langues. Alors que
les journaux uniquement publicitaires ont une durée de vie très courte.
Pourtant, suite à la proclamation du Constutionnalisme, leur diffusion se
montaient à près de dix mille exemplaires pour chacun des deux cents journaux
recensés[xxii].
C’est durant cette période qu’à la suite de Ilan
(en 1874) dont il a été déjà question, apparaît un second intitulé Küçük
Ilanat ou Petites Affiches qui
est publié la
première fois en 1908 par le secteur public, à l’époque le gouvernement urbain,
ce journal multilinguistique sera suivi de Tacir (en 1909) en deux langues
franco-ottomanes, Reklam (en 1910) et
Şark (1911) en langue turque
La
guerre va mettre un terme à la prolifération de la publicité et ce jusqu’en
1918. Cette période va voir la publicité remplacée par les annonces de parents
s’inquiétant de leurs proches chassés des pays balkaniques vers Istanboul ou
l’Anatolie, de même que lors de l’invasion grecque lors des Jours de
l’Indépendance[xxiii].
Seules « publicités » encore relativement nombreuses : les
campagnes pour les ventes d’obligations, celles pour le renforcement de
l’escadre maritime ou encore celles pour la loterie nationales que l’on peut
voir au Musée militaire[xxiv] . Donc, en cette
période tourmentée, seule la quête étatique d’aide financière fait l’objet de
publicité.
En
1918, le pays se relevant, les publicités refont leur apparition pour maints
produits -du parfum aux étoffes de soie, papier à cigarettes aux médicaments
contre l’impuissance sexuelle et de la musique aux hôtels- dans les journaux
tels Sabah, Akşam, Yeni Gün, İkdam, Tanin, Dersaadet etc. et les revues telles
İnci, Aydede, Diken etc.[xxv]. Pendant ce temps-là,
Samanon a enlevé
le rideau du magasin mais cette fois, il a fondé une firme du toit plus
robuste avec son ami Jak Hulli et Ernest
Hoffer, directeur de Havas au Caire. C’est pour cette nouvelle formation qui
fait ainsi de İlancılık Kolektif Şirketi, l’agence des
annonces de Hoffer, Samanon ve Hulli (HoSaH). HoSaH tente d’être un initiateur
sous les conditions sociales et économiques
à l’époque,
détermine
les tarifs publicitaires des journaux en leur marchandant sur le rubrique et le
centime, débute
les affaires d’affiche à la recherche de divers canaux, circule dans les rues
les panneaux marchants[xxvi]. Mais il n’est pas seul
dans le secteur et s’apparaissait avec le temps une série d’agences rivales
comme Osmanlı İlanat Acentesi, İstanbul Umum İlanat Odası, Malul Gaziler İlanat
Acentesi, Şark Muavenet Yurdu, Ajans Havas İlan Hizmetleri[xxvii].
Au
passage de la République ,
on attirait l’attention les nouvautés dans les désigns publicitaires. Par
exemple, le journaliste Sedat Simavi donne une composition retenant bien l’œil
à chaque publicité
dans la revue İnci Dergisi (1919) et le journal de Dersaadet (1920) qu’il a
personellement publiés;
ce faisant, il utilisait absolument un désign visuel de divers
formats de cadrage, de dessein et de caricature. Ainsi, il restreignait les longs et explicatifs textes
publicitaires, annulait des titres caligraphiques, changait les dimensions des mots
et mettait l’accent sur certains mots choisis dans les phrases[xxviii].
Aux
côtés de ces publicités plutôt autochtones, l’on pouvait trouver, dès 1921,
bien des publicités pour des produits, en particulier allemands qui proposaient
des fourgons, des pneus pour automobiles, du papier photographique et des
matériels agricoles, entr’autres, produits que l’on pouvait se procurer soit en
Allemagne soit chez un revendeur stambouliote les produits anglais et français
étaient eux aussi très prisés sur le marché par leurs prééminence du temps de
l’Empire ottoman. Pourtant, les Allemands maintenaient des relations d’amitiés
et commerciales qui leur permettaient de rendre attractifs beaucoup de leur
produits hormis les voitures et un véhicule de transport de luxe de même que
leurs caméras et projecteurs cinématographiques ou les outils industriels tout comme
les vêtements féminins, chapeaux, horloges, chaussures, matériels de
sports ou cosmétiques, la publicité étant pour eux le mot clé de leur commerce
extérieur[xxix].
Le
régime politique se modifie, la publicité se secoue (1922-1950)
Lorsque la République hérite de l’économie
ottomane, suite à la Guerre d’Indépendance, la publicité est déjà entrée dans
les mœurs, complémentaire de l’effort industriel, les gens s’y sont accoutumés
et la concurrence fait déjà rage entre couturiers, restaurants, médecins,
pharmaciens, producteurs de papier à cigarettes. À ces
« précurseurs » viennent désormais s’ajouter l’industrie de la
chaussure et du chapeau face aux produits d’importation, le secteur
publicitaire se fait dès lors plus rentable encore et İş Bankası, première
banque turque fondée sous la république à vouloir se consacrer seulement aux
produits et services nationaux, lance une caravane publicitaire en tant que
grand annonceur national. Par ailleurs les banques d’état telles Sümerbank,
Ziraat Bankası et les institutiontions publiques et commerciales tels Tekel (régie
des tabacs), Tayyare Piyangosu (Loterie nationale) ainsi que quelques grandes
marques étrangères telles Ford, Bayer et celles de radiophonie enrichissent
encore le marché publicitaire en se faisant les plus gros annonceurs dans les
premières années de la république.
Ankara, nouvelle capitale de la République,
dirige dans ce processus le marché publicitaire, et plus Ankara prend de
l’importance plus les journaux sont soumis à un changement radical. Les
journaux en langue française, par exemple, lus par les étrangers ou des Turcs
parlant la langue voient leurs ressources publicitaires diminuer au profit de
copies en français de journaux nationaux comme Cumhuriyet, Akşam, Milliyet.de
parce que seuls peuvent profiter de la manne publicitaire la presse kémaliste
qui est fortement subventionnée[xxx]. À cela s’ajoute que la
publicité se fait désormais en langue turque, les kémalistes voulant rapidement
transformer la Turquie en État-Nation. Dès lors, les publicités bilingue
(français et turc) ou plurilingues se sont vues remplacées par des publicités
uniquement en turc.
Une autre « choc » fut le
passage, par l’écriture turque, à un alphabet latin-turc, en lieu et place de
l’alphabet arabe en usage jusqu’en 1928, le revers de la médaille fut que le
public que la publicité avait conquis, s’est vu diminuer par ce changement et
les annonceurs face à ce déclin du lectorat ont renoncé à s’offrir des pages de
publicité. Face à
la crise du secteur presse et publicité, le gouvernement de la République leur
vînt en aide, leur procurant les nouvelles cases d’imprimerie conformes aux
nouvel alphabet. Mais la crise mondiale de 1929-33 et ensuite la Seconde Guerre
mondiale, une fois de plus porta un coup sévère au milieu publicitaire car,
même si la Turquie n’en fut pas un acteur, elle subit de plein fouet la chute
de la croissance économique. Il fallait donc à la publicité attendre les années
d’après-guerre.
Malgré les
difficultés économiques dues à la conjoncture, la publicité s’essaya à des
supports moins onéreux pour rester exister. Les rues des villes se voyaient
surchargées de panneaux publicitaires et Tunnel, funiculaire souterrain
historique reliant les quartiers de Karaköy (Galata) et Beyoğlu
(Pera), communiquait tant sur les murs
que les wagons trains et ce faisant était un canal publicitaire incontournable
dans les années 30, publicités sur les trams, les bus et hommes-sandwich
parcouraient les villes couverts de leurs publicités[xxxi].
Pour ce qui était de la presse, toujours premier média, elle avait pour
annonceurs principalement le secteur public mais aussi celui de la culture
(cinéma, divertissements, théâtre,... sans oublier l’alimentation.
Cette dure période des premières années de la République verra
pourtant l’arrivée d’İhap
Hulusi, fondé en 1929 le premier atelier privé de conceptions graphiques,
réalisant logos et affiches pour de nombreuses sociétés encore connue
aujourd’hui en Turquie. İhap Hulusi est aussi l’auteur des premières publicités
de Sumerbank encourageant l’épargne et l’achat de produits locaux au travers
son célèbre slogan : “yerli malı yurdun malı, herkes bunu
kullanmalı” (le produit local est un produit de la patrie, tout le monde ne
doit utiliser que celui-ci)[xxxii].
Plus
tard, c’est encore la même agence qui apposera sa signature sur maintes
affiches publicitaires mais également sur les designs d’identité
institutionnelles de la République, ayant pour clients prestigieux bien des
organismes privés ou publics parmi lesquels se trouvent, à ce jour Ziraat Bankası, Türkiye İş Bankası, Zirai Donatım Kurumu, Tayyare Piyangosu, Tekel, Bayer, et aussi Kurukahveci Mehmet Efendi[xxxiii].
Un autre acquis de cette période fut sans aucun doute les
bouleversements dans la direction des
agences publicitaires, ainsi, en 1944, Faal Reklam Acentesi est fondée par Eli Acıman, rival de İlancılık. En
1950, devenue Faal Reklam, agence qui, gérée par trois associés fondateurs, est
parvenue, dès 1946, à s’imposer dans la secteur en s’emparant du budget
publicitaire de l’Union des sociétés de Koç. Malgré ce coup d’éclat, Faal Reklam,
est reprise par Faal Ajans, créée en 1957 par Eli Acıman, dès lors seul à la
tête de l’agence[xxxiv].
À ces péripéties, il nous faut ajouter les polémiques sur la
publicité, un ouvrage intitulé “İlanat-ı Fenni” (la Publicité moderne) s’ajoute à une longue
liste concernant la publicité quant à sa nécessité et son utilité ou non[xxxv].
Cet ouvrage, publié en 1926 par Ahmet Tevfik Bey fait partie des acquis de la
publicité
Malgré le manque d’enthousiasme des
secteurs publics ou privés pour la publicité, à l’époque, il existe encore de
grands annonceurs le plus souvent publics tels Sümerbank ou Tekel, mais aussi
les grandes marques radiopjhoniques telles Philips, Grundig et Aga, possédant
un capital étranger, faisaient seuls de grandes campagnes publicitaires[xxxvi]. Cumhuriyet, journal à
grand tirage, à l’époque, publiait un maximum de publicités[xxxvii], de même que
certaines revues comme 7 Gün de Sedat
Simavi.. Seuls quelques journaux publicitaires tels İlan ve Reklam, Sanat ve Reklam Magazini, Türkiye Reklam Mecmuası,
Reklam parvenaient à s’en sortir en cette période de transition mais
ils étaient rarement mis à jour.
Après
tous les progrès mais aussi toutes les difficultés qu’avaient connus la
publicité en Turquie, un éveil à la communication naît petit à petit dans la
sphère du secteur privé. Mais surtout, de nouveaux médias apparaissent qui vont enthousiasmer les annonceurs :
la radio et ensuite la télévision.
Les
années d’élan et de développement de la publicité s’amorcent (1950-1970)
Les années 1950 voient autoriser le multi-partisme et les
politiques parlent fréquemment du pays comme « une petite Amérique »,
ou encore que « le pays possèdera un banque à chaque coin (de rue) » . Le Parti
Démocrate au gouvernement soutient fermement le secteur privé, l’économie entre
donc dans une phase de croissance, le libéralisme verra entrer à nouveau les
produits de l’étranger et enfin le gouvernement s’efforce de mettre en place
une société de consommation à l’occidentale. Dès 1951, la publicité est permise
sur les chaînes radiophoniques qui ouvrent leurs émissions par des spots
publicitaires, ce qui permet aux publicitaires d’avoir un nouveau canal de
communication apprécié par les annonceurs. Dès lors le nombre d’agences
publicitaires augmentent quasi au même rythme que celui des annonceurs.
Ce sont les biens de consommations durables
qui se développent en premier et donc leur communication sur tous les médias
existants. Et en premier lieu les réfrigérateurs (armoire à glace en turc) et
ensuite les machines à laver qui ouvrent cette nouvelle ère de consommation
avec les marques Hoover, Miele et Frigidaire, suivies de celles de produits
d’entretien, telles Puro, Gripin, Fay. Il en va de même dans quelques autres
secteurs, ceux de l’alimentation avec les
produits Sana, Vita, Çapamarka, Piyale mais également dans le secteur bancaire
où les rivalités sont grandes ainsi les campagnes de la Yapı
Kredi Bankası contrant ses concurrentes de plus en plus nombreuses. Le média
affichage est, lui aussi, d’une grande vitalité, en particulier grâce au multi-partisme en politique. Quant aux
marques étrangères, leurs produits font campagnes sur campagnes, en particulier
dans l’automobile avec les marques Fiat, Ford, Renault ou Chevrolet[xxxviii].
Cette deuxième moitié du siècle voit donc une
accélération du professionnalisme publicitaire, de jeunes agences s’ajoutant
aux plus anciennes rescapées des années noires de la publicité. Il nous faut
citer les deux vétérans İzidor Barouh et
Eli Acıman qui sont parvenus à surmonter toutes les crises mais aussi Guy
Scialom et sa fondation Grafika, qu’il a fondée en 1944 en même temps
qu’un studio de création
graphique. Les grandes agences
fondatrices qui sont toujours en activité sont désormais entre les mains d’une
seconde génération qui a repris l’étendard familial hérité du père
İlancılık, et se nomme toujours
İlancılık, nom qui avait été le sien à sa fondation, tandis que Faal Ajans de Eli Acıman s’est
transformé d’abord en Manajans (1965), et puis en Manajans/Thompson (1985).
Grafika, lui, est devenu Lowe et Grafika Lintas.
Pourtant, une initiative gouvernementale va
bousculer une fois de plus le milieu publicitaire, un décret de 1957 fonde une
« Compagnie des Annonces Officielles qui va s’emparer de toutes les
publicités tant officielles que privées, créant par là une forme de monopole
d’état. Cette loi de 1957 créait effectivement non seulement un monopole
d’état dans la distribution de la publicité
préjudiciable aux agences de publicité, il fallut attendre 1961 pour que
ces réglementations soient dissoutes et permettre aux agences des liens directs
avec le média presse, dès lors une nouvelle génération d’agences est née. Aux
agences comme Grafika et Reklam
Moran (1952) fondées au
début
des années
50 se sont ajouté
une série
de nouvelles agences comme İstanbul Reklam
(1959), Repro (1969), CenAjans (1970), Ajans Maya (1971), Pars McCann (1973),
Güzel Sanatlar (1973), Ajans Ada (1975), Birleşik Reklamcılar (1978), Ajans Ultra (1979), Yaratım (1980), Merkez Ajans
(1981), Reklamevi (1981), Markom (1983), Radar, Ankara Reklam, Rektaş, Prizma,
Rota. Cette renaissance fut pour la Turquie le début d’une période de publicités modernes et spécifique née d’une forte rivalité entre créatifs d’agence.
Un autre grand média était né en 1927, en
Turquie, la radiophonie, à ses tous débuts, elle avait connu quelques
publicités mais cela fut rapidement interdit et l’autorisation ne lui fut
redonnée qu’en 1951. Cinq ans plus tard, une femme Türkan Sedefoğlu s’empara de
ce média pour lui apporter un souffle nouveau avec la création de son agence
publicitaire spécialisée sur ce média[xxxix]. La radio a du reste profité de la période
« noire » de la publicité dans la presse (de 1957 à 1959) pour
s’imposer sur le vecteur publicitaire et les premiers producteurs de spots
radiophoniques qu’étaient Reklam, Televizyon Reklam, Teleradyo voient arriver
de nouvelles agences en nombre. Dès
lors, la publicité radiophonique se professionnalise et produit bien des
publicités intéressantes, qui eurent du succès et furent plus que souvent
prescriptrices au travers spots, parodies et jingles avant l’arrivée de la
télévision.
La publicité fait la connaissance avec de nouveaux canaux
(1970-...)
Télévision, le mot est lâché, sa première chaîne fut inaugurée en
1968 à Ankara, en 1972, elle couvrait la majorité du territoire. Et dès son
départ, l’État a autorisé la publicité,
tant ce média est prescripteur et plus puissant que tous les autres. Le passage
à la télévision en couleurs, la multiplication des chaînes tant publiques que
privées ont convaincu définitivement les annonceurs et, dès les années 1975,
les dépenses dans les secteurs de la banque, l’habillement, l’alimentation, les
produits de nettoyage, l’électronique et la cosmétique, ont atteint, sur un
budget de 3 milliards en dépenses publicitaires, la somme de 981 millions de
£T, alors que les autres médias, bien plus anciens, perdaient des parts de
marché, la radio ne recevant que 164, la presse757, l’affichage et l’hors-média
500[xl].
Avec
l’arrivée de la publicité à la télévision, multipliant par là les supports, la
nécessité pour la profession de se donner des règles commence à s’imposer mais
pour ce faire, il lui faut créer une association, malheureusement, les
réglementations administratives turques
rendent cette tâche ardue et c’est dans les années 80 seulement qu’est
créée la première association sous le nom de Reklamcılığı Geliştirme Derneği
(Association de développement du métier publicitaire), son rôle est limité,
pourtant, aux discussions et problèmes posés par la profession. En 1972, le
projet est lancé de fonder un département turc au sein de l’Association
internationale des professionnels de la publicité mais ce n’est qu’en 1988 que
peut voir le jour l’IAAT (International advertising association - Turkey). En
1984, d’autre part Eli Aciman, dont il a été déjà souvent question, créateur de
l’Association des Professionnels Publicitaires qui sera autorisée , en 1987,
s’inscrire dans The European Association of Communications Agencies (EACA)[xli]. Par la suite bien d’autres
associations vont éclore.
Les années 1980
sont également
les années
que régnaient
les politiques du déploiement
à l’étranger,
de libéralisation
et de l’émancipation
dans le domaine économique,
et, certes, les compagnies multinationales de publicité faisaient le clin d’œil à la Turquie qui se met au
déploiement à l’étranger. Le secteur publicitaire dynamisé tant par
les médias traditionnels et en particulier par les radios et les télévisions
privées, voit une autre forme de communication émerger : la publicité sur
la voie publique car si jusqu’alors cette forme de communication restait l’apanage
de l’état, ce dernier la libéralise et dès lors propose une
« construction-opération-transfert » qui va lancer les panneaux
lumineux, les sucettes cylindriques, les abribus et transformer le paysage
urbain tout en prenant une part non négligeable de la manne publicitaire.
Dans
les années 90, en 1994 pour être précis, sont fondés deux organismes
importants, l’un public : le Conseil suprême de radio et télévision (en
France on dirait supérieur), chargé de réglementer les émissions hertziennes et
l’autre privé, le Conseil d’auto-régulation et de surveillance de la publicité[xlii], organisation de
contrôle indépendante qui s’appuie sur le principe de fair-play et le bon sens
des annonceurs en sus des obligations légales.. Le tout supervisé par le
Conseil de Publicité du Ministère de l’industrie et du commerce qui, lui, a le
dernier mot.
En
outre, les alliances passées dès 1994 entre les agences turques et des étrangères seront réalisées surtout
lors de lentrée en vigeur de l’Union des Douanes (1996), en témoigne la coopération
ou collaborations entre Cenajans / Grey, Manajans / Thompson, Grafika / Lintas,
Güzel Sanatlar / Saatchi and Saatchi,
Moran / Ogivly&Mather, Pars / McCann-Erickson[xliii]. La conséquence de ces rapprochements,
filialisations ou joint-venture a permis au secteur publicitaire turc de sortir
de ses frontières, de se frotter à la concurrence étrangère, dans le même
temps, de nouveaux médias naissaient : l’internet, lea téléphonie
cellulaire et bien d’autres applications qui permettent à la publicité d’élargir
le champ de sa communication, et une plus grande proximité ciblée du
consommateur.
Conclusion : apparence actuelle de la publicité
Une
approche marketing du consommateur apportée par les agences internationales de
publicité et l’utilisation des techniques y afférant aux normes mondiales ont
bouleversé le secteur turc de la publicité[xliv]. En Turquie vous diriez qu’elle est
passée de la réclame à la publicité et créés de nouveaux métiers autour de la
communication, ainsi les instituts de sondages, ouvrant leur portes aux recherches plus pointues sur les besoins, les
envies, les styles de comportements et autres mesures tant d’audiences des
médias, l’envers de la médaille est que la créativité s’est pliée à ces stratégies
et est désormais « mondialisée ». L’ouverte de nouveaux canaux
alternatifs, tels le Net lui laisse pourtant une fenêtre de créativité, cela
dit, la publicité turque, désormais, concourt dans les Prix internationaux et
se voit couronnée de succès[xlv].
Désormais ;
les agences turques proposent des services intégrant un processus complet des
définitions de la stratégie marketing à la création, possédant des départements
graphiques fot bien équipés en ordinateurs et logiciel de création. Pour ce qui
est des photos, films et mutimédias, elles passent par des agences
spécialisées. Bien des photographes et réalisateurs, la plupart européens, travaillent d’ailleurs en Turquie depuis déjà
quelques années[xlvi].
Les
principaux annonceurs en Turquie sont d’ailleurs en grande partie étrangers
tels Procter & Gamble, Unilever, Coca Cola, Henkel, au milieu desquels
s’intercalent des enterprises turques telles Avea, Benckiser, Ülker, Eti, Turkcell, Frito-Lay
qui, tous se servent des grands medias que sont la television, la radio, la
presse et l’affichage[xlvii]. Une etude de l’Association des
publictaires turcs démontrent que le total des achats d’espaces publicitaires,
tous médias confondus s’élevaient en 2008 à 3.241 million de livre turque.
Mais, de par le fait de la crise dite des « subprimes », cette année
là, malgré une augmentation plus que sensible du média Internet, ces achats ont
diminué de 2,1% par rapport à 2007.
À
ce jour, l’on compte que près de 3 000 personnes travaillent dans le
secteur publicitaire turc et qu’il existe plus d’une dizaine d’associations
publicitaires, déjà seule l’Association des publicitaires turcs est forte de 94
membres au titre de personnes civiles et 28 à celui de personnes physiques,
exécutant 85% du volumes publicitaires de notre pays. Il faut aussi dire que
les bonnes formations aux métiers de la publicité sont données par des Facultés
en Communication, des Facultés d’art et de design ainsi que des Écoles
Supérieures de Commerce (dites mot à mot Écoles Hautes Professionnelles) qui
ouvrent sans cesse de nouveaux départements pour affiner les disciplines et les
programmes et les adapter au mieux à la demande du métier sans cesse en
mouvement. À cela s’ajoutent également bien des établissements de formation
privés et l’on dès lors se rendre compte du dynamisme du secteur publicitaire
et de l’attrait qu’il induit dans la jeunesse turque.
[i] Pour le détail de l’utilisation en langue turque des
termes ‘annonce’ et ‘publicité’, voir Mete Çamdereli, Reklam Arası, Konya, 2006, p.21-29.
[ii] Edhem Eldem, “Bir İlaç Reklamı Üzerine: Venedik’ten
İthal Altınbaş Tiryakı”, Toplumsal Tarih,
No. 2, 1994, p.13-16.
[iii] Hamza Çakır, Osmanlı
Basınında Reklam, Ankara, Elit Reklamcılık Yayınları, 1997, p.21 ve 201.
[iv] Zafer Toprak, “Tanzimat’tan Cumhuriyet’e Reklamcılık”,
Boğaziçi, Boğaziçi Üniversitesi
Mezunlar Derneği Yay., No. 2, 1982, p.23.
[v] Hamza Çakır, op.cit.,
p.22.
[vi] Hamza Çakır, op.cit.,
p.47.
[vii] Le titre de ‘ilanat’ s’apparaisse la première fois
dans Ceride-i Havadis du 10 août
1840, dans Takvim-i Vekayi du 21
novembre 1845, dans Vekayi-i Mısriyye
du 2 mai 1846. Hamza Çakır, op.cit.,
p.47 et 201.
[viii] Zafer Toprak, art.cit.,
p.23,24.
[ix] Orhan Koloğlu, Reklamcılığımızın
İlk Yüzyılı 1840 1940, İstanbul, Reklamcılar Derneği Yayınları, 2000, p.95
[x] Pour le détail, voir Uygur Kocabaşoğlu, “Gazi
Abdülhamid Han ve Reklamlar”, Tarih ve
Toplum, İstanbul, İletişim Yayınları, No. 6, 1986, p.59,60; d’autre part,
ce phénomène continuera aussi sous la République et Mustafa Kémal, considéré comme
fondateur et premier chef de la
République sera fait l’objet de bien de publicité, même si
l’on ne profite pas de l’armoirie de la Présidence de République. Citons, comme un seul
exemple, les publicités de İş Bankası.
[xi] Pour pouvoir voir les armoiries sur les couvertures
des certains numéros, voir Turgut Kut, “Indicateur Otoman: Şark Ticaret
Yıllıkları”, Kitap Kokusu, İstanbul,
Simurg Yay., No. 1, 1999, p. 195-199.
[xii] Orhan Koloğlu, op.cit.,
p.111.
[xiii] Pour le détail au sujet du déroulement historique,
voir. Turgut Kut, art.cit.,
p.186-199.
[xiv] Orhan Koloğlu, op.cit.,
119-127.
[xv] Zafer Toprak, art.cit.,
p.28,29.
[xvi] Elif Yeneroğlu
Kutbay, Onur Kinli, “İzmir'de Yayimlanmiş Türkçe Gazetelere Verilmiş Tibbi
İçerikli İlanlar Üzerine Bir Değerlendirme (1908–1914)”,
Ege Akademik Bakış / Ege Academic Review,
[Version éléctronique], No. 9, 2009, p.761.
[xvii] D’après une recherche faite déjà, on peut
citer que les annonces du thème médical comporte une proportion de 40-50 % dans
toutes les annonces. Exactement, malgré les annonces de pharmacie et des
médicaments sont visuellement très attirantes et très encombrantes dans les
pages des journaux, elles sont en quantité moins que celles de médecin. La
proportion des annonces de médecin dans d’autres annonces médicales sont 40 %
environ. C’est très difficile à donner un certain renseignement concernant la
période de publication des annonces de médecin ou de matériel médical. Ibid., p.762.
[xviii] Orhan Koloğlu, op.cit.,
p.130.
[xix] On prononce les cinq agences dans l’Annuaire oritentale de l’année 1912, dont l’une est en qualité de
société et les quatre sont individuels: Ch. L. Falange, M. Gorodichze, Simon
Luxembourg, Davoud Samanon, Osmanlı İlanat Şirketi. D’autre part il existe
aussi une agence nommée Şark İlanat Şirketi var. Orhan Koloğlu, op.cit., p.171.
[xx] İzidor Barouh, “Reklamcılığın Dünü’nü Anlatıyor”, Boğaziçi, Boğaziçi Üniversitesi Mezunlar
Derneği Yay., No. 2, 1982, p.31.
[xxi] Orhan Koloğlu, Osmanlı'dan
21. Yüzyıla Basın Tarihi, İstanbul, Pozitif Yayınları, 2006, p. 95.
[xxii] On cite, dans l’agenda publié en 1933 par İstanbul
Matbuat Cemiyeti (Association de la presse à İstanbul), les 353 journaux et
revues publiés dans les années fiscales 1324 (1908) - 1325 (1909). Server Rifat
İskit, Türkiye'de Matbuat Rejimleri, İstanbul, Matbuat Umum
Müdürlüğü, 1939, p. 96.
[xxiii] Ünsal Oskay, “Türk Reklamının İlk Yüzyılı…”, Görüş
Dergisi, İstanbul, Tüsiad Yayınları, No. 44, 2000, p.68.
[xxiv] Nurçay Türkoğlu, “Türk Reklamcılığının Popüler Tarihi
(1838-1980)”, Evrensel Kültür, No.
37, 1995, p.6.
[xxv] Ünsal Oskay, art.cit.,
p.69.
[xxvi] İzidor Baruh, art.cit.,
p.31.
[xxvii] Orhan Koloğlu, Reklamcılığımızın
İlk Yüzyılı 18401940, İstanbul, Reklamcılar Derneği Yayınları, 2000,
p.224-230.
[xxviii] Orhan Koloğlu, ibid.,
p.236
[xxix] Nurçay Türkoğlu, art.cit.,
1995, p.6
[xxx] Orhan Koloğlu, op.cit.,
p.262.
[xxxi] İzidor Baruh, art.cit.,
p.31.
[xxxii] Oktay Taş ve Tarık Z. Şahım, Reklamcılık ve Siyasal Reklamcılık, Ankara, Aydoğdu Ofset 1996,
p.13.
[xxxiii]
http://www.photoshopmagazin.com/dergi/2006/09/ihap_hulusi_gorey.html, le 04
Août 2009.
[xxxiv] Pelin Özkan, Hayatımız
Reklam Türkiye’nin Reklam Ustalarıyla Söyleşiler, İstanbul, MediaCat
Yayınları, 2004, p.27-30.
[xxxv] Comme exemple des polémique primitives et authentique,
voir M. Fatih Andı, “İlancılık’a Dair”, Kaşgar,
No. 11, 1999.
[xxxvi] Oktay Taş ve Tarık Z. Şahım, op.cit., p.13.
[xxxvii] İzidor Baruh, art.cit.,
p.32.
[xxxviii] Oktay Taş ve Tarık Z. Şahım, op.cit., p.14
[xxxix] Nurçay Türkoğlu, “Türk reklamcılığının Popüler Tarihi
– 3” , Evrensel Kültür, No. 39, 1995, p. 6.
[xl] Oktay Taş ve Tarık Z. Şahım, op.cit., p.17
[xli] http://www.rd.org.tr/, le 13 Août 2009.
[xlii] le Conseil d’auto-réglementation fondé au détriment des publicités
malhonnêtes et trompeuses par l’Association
des annonceurs et l’Association des publicitaires avec la participation des
canaux publicitaires est, dès 1994, en train de demander de l’anonceur à ne pas
publier ou corriger les publicités violant les règles du Code international des pratiques publicitaires. http://www.rok.org.tr/misyon.html, le 13 Août 2009.
[xliii] Actuellement, le 25% des 85 agences, membres de
l’Association des publicitaies, se sont associées avec une agence étrangère en
cédant sa part dans cette agence ou travaillent encore en étroite collaboration
avec une agence de ce type sans céder sa part. http://www.rd.org.tr, le 13 Août
2009
[xliv] N.Aslı
Tekinay, “Reklamın 6 Kuşağı, Capital
Dergisi”, http://www.capital.com.tr/haber.aspx?HBR_KOD=157, le 15 Août
2009.
[xlv] Par exemple; İDO a obtenu le Prix du succès en 2008 de
l’International Design Awards (IDA) et Turkcell, le Prix de la Meilleure
campagne publicitaire en ligne de l’International Business Awards. Les agences
turques, à 56ème Festival
Publicitaire des Lions de Cannes 2009 ont monté plusieurs finalistes et ont obtenus 8
Lions.
[xlvi] http://www.rd.org.tr, le 13 Août 2009.
[xlvii] http://www.pazarlamarketing.com/makaleler/sektorlerden-yenilikler/2008de-en-cok-reklamverenler,
le 15 Août 2009.
“Une histoire turque de la publicité”, Treizieme Colloque des Invalides, Paris, Kasım 2009 (La Reclame, Paris, Editions du Lerot, 2010)
“Une histoire turque de la publicité”, Treizieme Colloque des Invalides, Paris, Kasım 2009 (La Reclame, Paris, Editions du Lerot, 2010)
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