Langue géorgienne parlée en Turquie: une description phonologique de l’idiolecte
Mete
Çamdereli
Cette étude a pour but de présenter une petite vue de la langue géorgienne actualisée en Turquie et de décrire phonologiquement à partir de l’idiolecte. “Lanalyse phonologique vise à identifier les éléments phoniques d’une langue et à les classer selon leur fonction dans cette langue”[1]. Selon la méthode fonctionnaliste toute description suppose une sélection et un corpus considéré comme intangible. Ce dernier, un recueil d’énoncés enregistrés au magnétophone doit être strictement synchronique, c’est-à-dire fondé exclusivement sur des observations faites pendant un laps de temps assez court[2].
Dans cette
perspective méthodologique, nous avons envisagé la description de la structure
phonologique produite dans l’énonciation d’un seul locuteur qui parle géorgien
et actualise naturellement tous ses phonèmes dans la vie quotidienne. En
premier lieu, nous avons demandé à notre informateur de parler quinze et vingt
minutes[3]
au magnétophone sur un phénomène quelconque. Il n’ya aucun doute qu’un
enregistrement de dix et quinze minutes est la durée suffisante pour exposer
tous les phonèmes d’une langue.
Nous avons
ensuite écouté à maintes reprises ce qu’on disait déjà au magnétophone et, pour
la transcription phonétique, nous avons fait, à l’aide de l’Alphabet phonétique
international (API)[4],
le déchiffrement de tous les sons du texte oral enregistré. Et puis nous avons
segmenté tous les unités syntaxiques dans un ordre syntagmatique en prenant
appui de l’informateur, et avons désigné aussi les unités sémantiques dans
chaque énoncé par le biais du transfert mot-à-mot au français et de l’opération
traduisante.
En dernier
lieu, tous les phonèmes sont minutieusement étudiés en position initiale, en
position médiane et en position finale dans les segments phonologiques, et
controlés en outre leurs traits distinctifs au moyen de diverses unités
contrastives avec les 200 concepts de Maurice Swadesh[5].
A vrai dire, toute description
linguistique exige aussi une étude monématique, synthématique, syntaxématique,
syntagmatique, fonctionématique, énoncématique, mais nous nous sommes ici
contenté de décrire seulement le niveau phonologique et de présenter au
lecteure un simple inventaire des phonèmes de la langue géorgienne parlée en
Turquie.
1. Quelques considératios sur l’informateur et les géorgiens de
Balikesir
Il est convenable de donner brièvement des
renseignements sur l’informateur et les géorgiens de Balikesir.
1.1. De l’informateur
Dans
les descriptions des langues, l’essentiel est donc de trouver des informateurs
représentatifs de la langue ou du parler que l’on veut étudier[6]. Dans cette perspective, nous
avons choisi comme informateur de référence D. Ayyıldız qui est né en 1962 dans un village de Balıkesir, où vivent des Géorgiens. Il a connu les deux langues (turque et
géorgienne) dès sa naissance. Il est allé à l’école primaire dans son village
natal.
Après
avoir terminé l’école secondaire et le lycée à Balikesir qui est prefecture, il
a fait ses études sur la langue et la littérature française à la Faculté des
lettres à Konya. Il s’est trouvé à Adilcevaz pour excercer les premières années
de sa carrière comme professeur de français. Il est, quatre ans après, à
Kesirven, village de Balikesir.
D. Ayyildiz, marié et père de deux enfants, a fait son service militaire à Denizli
et, à l’heure actuelle, excerce son métier dans un lycée à Balikesir. Son
bilinguisme le permet facilement d’apprendre le français, langue étrangère.
1.2. De la
langue géorgienne et des géorgiens de Balikesir
Les géorgiens émigrés de Batoum
pendant la guerre russo-ottoman (1878) se sont d’abord installés à Bandirma et
puis à Balikesir. Les deux villages Yenikavak et Armutalan, où vivent mille
géorgiens environ se trouvent à l’endroit montagnard et forestier qui est loin
de Balikesir de trente kilomètres.
“Nos
ancêtres auraient préféré cet endroit qui est montagnard et forestier parce que
Batoum l’avait été, je le crois. Il est encore possible de voir, à l’entrée du
village les anciennes constructions ruinées en bois qui font allusion à Batoum;
nous les appelons ‘l’abri de porc‘”, dit notre informateur.
Ces deux villages en question où vivent les géorgiens
présentent peu de différences que d’autres villages de Balikesir, du point de
vue des moeurs et coutumes tels la culture cuisinière, les robes des femmes,
etc. Les villageois parlent à la fois le turc et le géorgien. Ce qui est
intéressant, c’est d’observer l’existence des signifiants différents pour les mêmes
signifiés dans les enoncés du peuple de deux villages et, il convient également
d’identifier l’inexistance des unités hypéronimique en tant que ‘la fleur’, ‘le
fruit’, ‘l’animal’, ‘les légumes’, etc.
Yenikavak
s’est inspiré un peu plus de la langue turque par rapport au village voisin
Armutalan, qui parle la même langue. Mais le système linguistique reste
naturellement invariable. La distinction est seulement au niveau des unités qui
sont en usage des locuteurs. Le géorgien subsiste encore son existence à
Balikesir et ne s’actualise qu’au niveau oral, mais non écrit et sans alphabet.
La nature est très magnifique et le
paysage est excellent dans ce village plein de verdure, dont le peuple est
musulman.
2. Inventaire des phonèmes de la langue géorgienne
il
faut distinguer en fonction du mode d’articulation les sons vocaliques des sons
consonnantiques pour mettre en relief la structure phonétique totale de la langue géorgienne
et constater leurs positionnements initiales, médianes et finales des phonèmes
dans une unité linguistique avec leurs définitions
2.1. Les vocaliques
/ i / : antérieur + aperture minimale
+ non arrondi
/imalαj/ /piri/ /meti/
“là” “bouche” “j’ai dit”
/ e / : antérieur + aperture moyenne +
non arrondi
/evi/ /xmeli/ /dghe/
“maison” “sec” “jour”
Description phonétique: il se réalise comme une voyelle antérieure
d’aperture minimale et il connaît une variante /e/ comme dans /erti/ (“un”) et /dαvbαrget/ (“nous avons mis le couvert”).
/ a / : postérieur + aperture maximale
+ non arrondi
/ari/ /napoti/ /òiòa/
“il ya” “écorce” “bois”
Description phonétique:
il se réalise comme une voyelle postérieure d’aperture maximale et il connaît
deux variantes semi-ouverte et ouverte /α/ et /ά/ comme dans /natsari/
(“cendre”) et / bάkhljani/ (“sale”), qui s’actualisent surtout à la suite des
consonnes /k/, /kh/, /g/, /gh/, /x/.
/ o / : postérieur + aperture maximale + arrondi
/ori/ /modi/ /devzαvlo/
“deux” “viens” “que j’aprenne”
/ u / : postérieur + aperture minimale
+ arrondi
/ugureben/ /guli/ /tu/
“ils
regardent” “coeur” “toi”
Remarque:
il faut signaler que, malgré l’existence des phonèmes /ø/ et /y/, notre
informateur les utilise dans les unités linguistiques qu’il transfère de la
langue turque comme /gøli/ (“lac”) et /gyn/ (“jour”). En outre, on n’a jamais attesté /u/ en
position finale
Alors, pour les phonèmes vocaliques de
la langue géorgienne, on pourra arriver à un schéma de classification
phonologique, et puis l’énumérer successivement dans leurs caractères
phonétiques:
Traits distinctifs |
“oral”
|
|||
“antérieur”
|
“postérieur”
|
|||
“rétracté”
|
“arrondi”
|
“rétracté”
|
“arrondi”
|
|
aperture
minimale
“fermé”
|
/
i /
|
/
y /
|
/
u /
|
|
aperture
moyenne
“semi-fermé”
|
/
e /
|
/
ø /
|
/
a /
|
|
aperture
moyenne
“semi-ouvert”
|
/
e /
|
/
α /
|
||
aperture
maximale
“ouvert”
|
/
ά /
|
/
o /
|
Classification des phonèmes vocaliques de la
langue géorgienne
Par rapport aux définitions et
distributions des phonèmes, on pourrait
dire que le géorgien de Balikesir possède cinq phonèmes principaux [/i/, /e/,/a/,
/o/, /u/] vocaliques, mais on peut le compter galement dix avec trois variantes
[/e/, /α/, /ά/] et deux du turc [/y/, /ø/] qui sont
les suivants:
/ i /
antérieur, rétracté, fermé
/ e /
antérieur, rétracté, fermé
/
e /
antérieur, rétracté, ouvert
/ a /
postérieur, rétracté, ouvert
/ α /
postérieur, rétracté, mais plus en arrière que / a /
/ ά /
postérieur, rétracté, mais plus en arrière que / α /
/ o /
postérieur, arrondi, ouvert
/ u /
postérieur, arrondi, fermé
/ y /
antérieur, arrondi, fermé
/ ø /
antérieur, arrondi, ouvert
2.2. Les consonantiques
/ p / : occlusive + bilabiale + sourde
/puri/ /khpenva/ /visejrop/
“pain” “mordre” “je regarde”
/
b / : occlusive + bilabiale + sonore
/beri/ /babo/ / /
“ne...pas” “père” “ “
/
m / : occlusive + bilabiale + nasale
/meti/ /imlemmαts/ /im/
“j’ai
dit” “eux-mêmes” “ce”
/
t / : occlusive + apico-dentale + sourde
/tavi/ /beti/ /vdʒamet/
“tête” “mauvais” “nous avons mangé”
/
d / : occlusive + apico-dentale + sonore
/da/ /didi/ / /
“avec” “grand” “ “
/
n / : occlusive + apico-dentale + nasale
/natsari/ /mindoda/ /maòin/
“cendre” “je faisais“ “alors”
/
k / : occlusive + dorso-vélaire + sourde
/kari/ /mokla/ /ik/
“femme” “chasser” “là”
/
kh / : occlusive + dorso-vélaire + sourde + aspirée
/khveli/ /tkhe/ / /
“fromage” “herbe” “ “
/
g / : occlusive + dorso-vélaire + sonore
/guli/ /mogla/ / /
“coeur” “tuer” “ “
/
gh / : occlusive + dorso-vélaire + sonore + aspirée
/gheveli/ /mbgherva/ /buregh/
“serpent” “chanter” “pâté”
/
ǵ / : occlusive + dorso-vélaire + sonore + palatalisée
/ǵele/ /moǵaldebit/ / /
“rivière” “vous vous
fatiguez” “ “
/
f / : fricative + labiodentale + sourde
/fijeti/ /fotografi/ / /
“prix” “photographe” “ “
/
v / : fricative + labiodentale + sonore
/vutxare/ /ghveli/ /hov/
“j’ai
dit” “long” “oui”
/
s / : fricative + sifflante + sourde
/suli/ /mosla/ /es/
“souffle” “venir” “ceci”
/
z / : fricative + sifflante + sonore
/zevdet/ /ghzeli/ / /
“allons” “long” “ “
/
ò / :
fricative + chuintante + sourde
/òavi/ /òiòi/ / /
“noir” “peur” “ “
/
ʒ / : fricative + chuintante + sonore
/ / /veʒdebjan/ / /
“ “ “...
s’asseoir“ “ “
/
j / : fricative + palatale + sonore
/jeri/ /khja/ /ravαj/
“lieu” “cou” “comment“
/
x / : fricative + vélaire + sourde
/xa/ /sxeli/ / /
“où” “chaud” “ “
/
h / : fricative + glottale + sonore
/hov/ /vuthare/ / /
“oui” “j’ai dit” “ “
/
l / : latérale
/lamazi/ /kali/ /mihval/
“beau” “vent” “vas-tu?”
/
r / : vibrante + alvéolaire + roulée
/ra/ /purtseli/ /òor/
“que” “feuille” “loin”
/
ts / : affriquée + labiodentale + sourde
/tselzadi/ /katsma/ / /
“année” “homme” “ “
/
tò / :
affriquée + dento-palatale + sourde
/tòven/ /kakutòi/ / /
“nous” “bâton” “ “
/
dʒ / : affriquée + dento-palatale + sonore
/dʒov/ /sadʒmeli/ / /
“monsieur” “repas” “ “
On
peut visualiser tous les phonemes consonnantiques dans un tableau:
Traits distinctifs
|
“bilabial”
|
“labio-dental”
|
“apico-dental”
|
“sifflant”
|
“dento-palatale”
|
“chuintant”
|
“palatal”
|
“dorso-vélaire”
|
“aspirée”
|
“latéral”
|
“vibrante”
|
“glottal”
|
“vélaire”
|
“affriquée”
|
“sourd”
|
/
p /
|
/
f /
|
/
t /
|
/
s /
|
/
tò /
|
/
ò /
|
/
k /
|
/kh/
|
||||||
“sonore”
|
/
b /
|
/
v /
|
/
d /
|
/
z /
|
/dʒ/
|
/
ʒ /
|
/
g /
|
/gh/
|
||||||
“nasal”
|
/
m/
|
/
n /
|
||||||||||||
“palatal”
|
/
j /
|
/
ǵ /
|
||||||||||||
“latéral”
|
/
l /
|
|||||||||||||
“vibrante”
|
/
r /
|
|||||||||||||
“glottal”
|
/
h /
|
|||||||||||||
“vélaire”
|
/
x /
|
|||||||||||||
“affriquée”
|
/ts
/
|
Classification des phonèmes
consonnantiques de la langue géorgienne
Par rapport aux définitions et distributions des phonèmes, on pourrait dire que le géorgien de Balikesir possède exactement vingt-cinq phonèmes consonnantiques dont les onzes sont occlusifs , les neufs fricatifs, l’un latéral, l’un vibrant et les trois affriqué qui sont les suivants:
Par rapport aux définitions et distributions des phonèmes, on pourrait dire que le géorgien de Balikesir possède exactement vingt-cinq phonèmes consonnantiques dont les onzes sont occlusifs , les neufs fricatifs, l’un latéral, l’un vibrant et les trois affriqué qui sont les suivants:
/ p /:
occlusive, bilabiale, sourde
/
b /: occlusive, bilabiale, sonore
/
m / : occlusive, bilabiale, nasale
/
t / : occlusive, apico-dentale, sourde
/
d / : occlusive, apico-dentale, sonore
/
n / : occlusive, apico-dentale, nasale
/
k / : occlusive, dorso-vélaire, sourde
/
kh / : occlusive, dorso-vélaire, sourde, aspirée
/
g / : occlusive, dorso-vélaire, sonore
/
gh / : occlusive, dorso-vélaire, sonore, aspirée
/
ǵ / : occlusive, dorso-vélaire, sonore, palatalisée
/
f / : fricative, labiodentale, sourde
/
v / : fricative, labiodentale, sonore
/
s / : fricative, sifflante, sourde
/
z / : fricative, sifflante, sonore
/
ò / :
fricative, chuintante, sourde
/
ʒ / : fricative, chuintante, sonore
/
j / : fricative, palatale, sonore
/
x / : fricative, vélaire, sourde
/
h / : fricative, glottale, sonore
/ l / : latérale
/ r / : vibrante, alvéolaire, roulée
/ ts / : affriquée, labiodentale, sourde
/ tò / : affriquée, dento-palatale, sourde
/ dʒ / : affriquée, dento-palatale, sonore
/ l / : latérale
/ r / : vibrante, alvéolaire, roulée
/ ts / : affriquée, labiodentale, sourde
/ tò / : affriquée, dento-palatale, sourde
/ dʒ / : affriquée, dento-palatale, sonore
3. En guise de conclusion
Cette étude qui présente une
projection modeste du géorgien dont les locuteurs se trouvent presque dans
toutes les régions de Turquie[7] a été préparé en vue de faire une description de
l’idiolecte d’après les exigences de la méthode fonctionnaliste qui nourrie de
la linguistique saussurienne. A l’issue de toutes les observations et de toutes
les études nous avons obtenu totalement 30
(+5) phonèmes dont les vocaliques sont 5 (+5) et les consonnantiques 25.
Dans ces jours-ci où l’on proclâme le
fait qu’une langue disparait dans tous les quinze jours[8], il est inevitable de nier l’importance des
études sur une langue et des cultures. Du fait de la vitesse du développement
des technologies d’information et le phénomène de mondialisation, la langue
anglaise domine partout avec le temps et efface d’autres langues. Toutes ces
raisons nous oblige à enregistrer au milieu scientifique les descriptions des
langues ou des dialectes sans perdre encore leurs locuteurs, pour fonder une
relation avec et/ou entre le passé et le futur.
[1]
André Martinet, Eléments de linguistique
générale, Paris, Armand Colin, 1970,
p.61.
[2]
Ibid., pp.28-32.
[3]
Il suffira une délai d’enregistrement de 15-20 minutes pour constater les phonèmes
d’une langue. Et pour la technique de l’enregistrement sonore voir Luc
Bouquiaux et Jacqueline M.C. Thomas,
L’Enquête du terrain et l’analyse grammaticale, Editions Selaf, 1987,
pp.27-50.
[4]
Pour l’alphabet phonétique international (API) voir Georges Mounin, Dictionnaire de la Linguistique, Paris,
PUF, 1974, pp.XXXIII-XXXVIII
[5] Maurice Swadesh (1909-1967), linguiste américain, s'est attaché à la comparaison de leur vocabulaire; il mit au point une méthode permettant de calculer à quelle époque approximative les langues d'une même famille se sont séparées: la glottochronologie; elle consiste à comparer le vocabulaire de base de ces langues à partir d'une liste spécifique, la «liste de Swadesh» (les 100 puis les 200 mots les plus quotidiens, les moins susceptibles d'être empruntés à d'autres langues: parties du corps, relations familiales, chiffres, couleurs, etc.), et à calculer le pourcentage de mots apparentés (comme soleil et sol, sang et sangre, deux et dos, en français et en espagnol). Cf. http://fr.encyclopedia.yahoo.com/ articles/sy/sy_272_p0.html#sy_272.11, 03.07.2003.
[6] Luc Bouquiaux et Jacqueline M.C. Thomas, op.cit., pp.62-75.
[5] Maurice Swadesh (1909-1967), linguiste américain, s'est attaché à la comparaison de leur vocabulaire; il mit au point une méthode permettant de calculer à quelle époque approximative les langues d'une même famille se sont séparées: la glottochronologie; elle consiste à comparer le vocabulaire de base de ces langues à partir d'une liste spécifique, la «liste de Swadesh» (les 100 puis les 200 mots les plus quotidiens, les moins susceptibles d'être empruntés à d'autres langues: parties du corps, relations familiales, chiffres, couleurs, etc.), et à calculer le pourcentage de mots apparentés (comme soleil et sol, sang et sangre, deux et dos, en français et en espagnol). Cf. http://fr.encyclopedia.yahoo.com/ articles/sy/sy_272_p0.html#sy_272.11, 03.07.2003.
[6] Luc Bouquiaux et Jacqueline M.C. Thomas, op.cit., pp.62-75.
[7]
A l’heure actuelle, les enfants des géorgiens émigrés sont en train de vivre
dans les villages étendus aux villes de Turquie parmis lesquelles on peut
compter principalement Trabzon, Giresun, Samsun, Fatsa, Ordu, Unye, Sinop,
Zonguldak, Izmit, Iznik, Izmir, Kutahya, Balikesir, Adana, Konya, Eskisehir,
Adapazari, Bolu, Corum, Amasya, Tokat, Bursa, Inegol, Duzce, Golcuk, Yalova,
Gemlik, Esenkoy, Merzifon, Gonen, Cumra, Golbası, Istanbul, Ankara... Cf. Şuşana
Putkaradze, “Turkiye'deki Gurcu Koylerınde
Alan Calısmasinin Sonuclari”, Mamuli, Sayı 5, 1998.
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